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Battle of the Sexes

  • Anna Perichon Desaphy
  • 2 déc. 2017
  • 4 min de lecture

Pour le premier article de la rubrique on part sur le très récent : Battle of the sexes. Une production anglo-américaine réalisée par Valerie Faris et Jonathan Dayton, les réalisateurs de Little Miss Sunshine par exemple.

Sorti le 22 novembre, il est classé comme un Biopic/Comédie. Pour la partie comédie j’émets des doutes, mais la véracité de l’histoire est indéniable. Le film se concentre sur la vie de Billie Jean King, tenniswoman américaine, plus particulièrement sur son match contre Bobby Riggs en 1973. Ancien n°1 mondial du tennis dans les années 40, Riggs décide de défier Billie Jean dans un but bien plus idéologique que sportif : montrer l’inutilité du combat féministe.

Les personnages/L’histoire

Les réalisateurs ont choisi Emma Stone et Steve Carell pour interpréter King et Riggs, les personnages principaux.

Le choix de casting est vraiment bon, physiquement les deux acteurs correspondent aux vrais protagonistes, de plus Stone et Carell sont des comédiens connus et appréciés du public donc la prise de risque était légère. Quant à leur jeu d’acteur il est loin d’être décevant ; les réalisateurs ont créé des personnages complexes, avec un développement tout le long du film cohérent et pertinent. Le personnage de Bobby Riggs est de loin mon préféré, Faris et Dayton ont poussé à l’extrême le caractère déjà fortement misogyne et ridicule que possédait le vrai Bobby Riggs. Le personnage ne rentre pas dans une caricature, c’est un homme se montrant bien plus misogyne qu’il ne l’est vraiment, il joue avec nos nerfs durant les 2h10 de film pour finalement apparaître comme un quinquagénaire paumé. Pour Billie Jean King mon avis est plus mitigé, le caractère du personnage est plausible, son implication dans le féminisme et plus particulièrement dans la défense des femmes dans le sport est extrêmement bien montré ; mais son histoire d’amour m’a laissée perplexe. Le film amène cette histoire d’une manière brutale et maladroite, le développement du personnage de Billie Jean est parfois incohérent vis-à-vis de cette relation et je trouve sincèrement qu’elle reprend un peu trop les stéréotypes d’une rencontre amoureuse classique, voire cliché. De la même manière que l’amante de Billie Jean est mal développée, le reste des personnages de second plan manquent de profondeur. Ils sont souvent réduits à un seul aspect de leur personnalité : le commentateur sportif très macho, la tenniswoman rivale aigrie, les deux couturiers racoleurs… Certes le film fait intervenir beaucoup de personnages et jongle avec des thèmes lourds (le féminisme, le combat LGBT, l’addiction aux jeux) mais ces personnages secondaires apparaissent alors comme simples éléments comiques pour la plupart et donnent une allure de comédie bas de gamme.

Au niveau du scénario en lui-même il est très bien fait, les réalisateurs n’ont pas pris de libertés scénaristiques inutiles et ne sont pas tombés dans la simple narration. Certaines scènes sont prévisibles mais on aura du mal à le reprocher au film puisque c’est un biopic


La réalisation

Je vais me débarrasser tout de suite de ce qui m’a dérangé : la lumière et la saturation des couleurs. Le film se déroule dans les années 70, les costumes et les décors correspondent parfaitement (cf la photographie ci-contre qui immerge totalement dans l’époque). Les couleurs très vives et la lumière blanche présentes dans tout le début s’y prêtent parfaitement aussi, jusqu’à un certain point. Le film ne joue à aucun moment sur l’implicite, et c’est un choix scénaristique très cohérent vu le scénario, donc ce n’était vraiment pas la peine de mettre un filtre bleu froid pour les moments tristes ou de créer un ambiance orangée kitsch à souhait dès qu’il y a une scène sensuelle. Ces changements de lumière à outrance desservent les personnages et leurs intrigues et cela crée une sorte de redondance inutile.

(Merci d’avoir lu cette partie purement subjective, je redeviens quelqu’un de bien dès maintenant.) Pour ce qui est de la réalisation pure, c’est vraiment réussi. Les plans sont très beaux, certains sont même magnifiques (une scène sublime où l’actrice Andrea Riseborough est à un balcon, mais je ne peux pas mettre d’illustration à cause des droits d’auteurs…). Pour ce qui est de la caméra, elle est dynamique, parfaite dans les scènes de matchs comme dans les moments statiques, alterne entre des plans larges et des gros plans et a l’avantage d’être plutôt fixe ce qui permet de profiter pleinement des images.

Donc je conseille évidemment ce film. Je le conseille si on s’intéresse aux débuts du féminisme américain, si on veut un aperçu de la manière dont l’homosexualité était perçue il y a moins de 50 ans et je le recommande d’autant plus si vous aimez les décors et l’ambiance colorée des 70’s. C’est un bon film mais je ne le classerai pas dans la catégorie comédie, il vous fera sûrement sourire mais l’enjeu n’est pas là. Battle of the sexes est surtout pertinent dans tout le contexte qu’il apporte pour la lutte des droits et le combat pour l’égalité.

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