The Punisher
Après la déception The Defenders, Netflix et Marvel reviennent avec une nouvelle série basée sur l’anti-superhéros Frank Castle aka The Punisher, et ce qu’on peut déjà dire, c’est qu’ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère.
Synopsis
Six mois après les évènements de la saison 2 de Daredevil, Frank Castle, présumé mort, a changé d’identité et en a fini avec le Punisher. Cependant il se retrouve une nouvelle fois plongé au cœur d’un complot militaire.
Commençons tout de suite par dire que la série n’est pas du tout accessible à tout le monde. Après le passage du Punisher dans la saison 2 de Daredevil, on ne s’attendait pas à une série aseptisée et ce n’est pas du tout le cas. Les scènes d’action sont d’une ultra-violence qui va en choquer plus d’un. Toutefois, elles ne sont jamais complaisantes et se justifient tout au long du récit, personnifiées par le personnage joué par Jon Bernthal. Frank Castle est une bête solitaire, blessée, torturée et hautement dangereuse. La performance de l’acteur en est tout autant époustouflante. Pleinement investi dans le rôle, la symbiose est totale : il est le Punisher.
Même si la série s’inscrit dans le Marvel Universe, il n’y a plus aucune trace de superpouvoirs, de magie ou de complots mystiques : l’organisation contre le Punisher n’est pas secrète, elle est la CIA elle-même. De plus, elle ne raconte qu’une histoire de vengeance très humaine : celle de quelqu’un de surentrainé mais qui reste un homme avant tout. Cela se ressent par une représentation crue du corps tout au long de la saison : torse couvert de cicatrices de Castle, de l’antagoniste et corps mutilés des vétérans.
The Punisher pose également des questions d’actualité auxquelles la série va essayer de répondre tout au long de ses 13 épisodes : est-ce que les actes des Etats-Unis en Irak étaient admissibles ? Ou alors : comment aider les militaires revenus au pays se trouvant face à un stress post-traumatique ? Mais surtout la question sur les armes. Et là, on comprend pourquoi Netflix a préféré retarder le lancement après la tuerie de Las Vegas. La façon dont est traité ce sujet est largement problématique, s’inscrivant dans un propos réactionnaire et « trumpien » : les armes sont le prolongement du bras de l’américain, sont la quintessence de la liberté étatsunienne et servent à la défense de soi-même (l’interview du député démocrate par Karren Page est incroyable). Les « anti-guns » sont vus comme des lâches, technocrates et menteurs.
De plus, on retrouve le problème récurrent des séries Marvel/Netflix : la série est bien trop longue, ce qui étire la narration de manière superficielle, laissant la tension retomber au milieu de la saison, pour la refaire remonter aux 3 derniers épisodes. Elle pourrait être raccourcie de quelques sous-intrigues négligeables, pour ne garder que ce qu’elle devrait être : un récit brut, rentre-dedans, tout comme Frank Castle. L’arrivée de Micro (Ebon Moss-Bachrach) est tout à fait justifiable pour l’histoire mais le personnage est développé de telle manière qu’il devient le sidekick comique et torturé : vu et revu une bonne centaine de fois.
Conclusion
The Punisher signe le retour de Netflix sur le marché super héroïque (peut-être veulent-ils mettre le paquet avant la fin du partenariat avec Disney). On a en face de nous une vraie bonne série, très violente, portée par un Jon Bernthal trapu, bestial et empli de vengeance, correspondant bien au personnage de comics. L’histoire en elle-même est intéressante et très intelligente, gâchée cependant par quelques longueurs. Les sujets concernant la guerre et le mal-être des militaires sont très bien traités. Pourtant le propos sur les armes, totalement réactionnaire, occulte celui de la condition des vétérans et clive encore plus une Amérique qui n’en a pas besoin.
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