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13h à Euralille



Nous sommes mercredi, il est 13h à Euralille, centre commercial phare de Lille.


Tous les samedis, c’est le lieu prisé des « fashionistas » mais aujourd’hui ce n’est pas cette population qui nous intéresse. Entre midi et deux, à l’heure où les estomacs crient famine et que les cerveaux demandent du repos, nombreux sont les employés qui viennent y prendre leur pause déjeuner.


C’est « aux tables d’Euralille », lieu de regroupement de plusieurs enseignes de restauration rapide, que nous avons quelque peu interrompu le rite de mi-journée d’un jeune trentenaire bien apprêté dans sa chemise blanche attendant son menu du Burger King. Souriant et avenant, il accepte de répondre à nos quelques questions demandant cependant poliment de ne « pas être filmé ». Il restera donc l’archétype anonyme d’un salarié comme un autre se délectant d’une petite heure de repos.


C’est à Marcq-En-Baroeul qu’il a choisi de s’installer, du fait de la proximité de son lieu de travail. En revanche, son endroit préféré à Lille est le parc zoologique. Il est avocat, et quand on lui demande la place qu’occupe le travail dans sa vie, il nous répond énergiquement « ah mais j’y passe ma vie ! ». Son métier, bien que « très chronophage et prenant » lui plait beaucoup. Il croit fermement en la valeur du travail. C’est elle qui permet, selon lui, de progresser et de faire progresser les autres dans la vie.


Quand on lui demande de parler d’une actualité récente qui l’aurait marqué, il réfléchit longuement, très longuement, et finit par évoquer la modernisation du pays apportée par les réformes du Président Macron, « sans opinion politique tranchée », précise-t-il. Il croit en un impact considérable de cette modernité sur le monde de demain. Conscient d’aborder un sujet glissant, la politique, il conclut en se rappelant aussi avoir été « très triste de la mort de Johnny, en décembre dernier ».


A la question « vous estimez-vous intéressé par la culture ? », la réponse est rapide et assurée : « oui ! ». Il aime beaucoup le tableau Le Cri de Munch, qu’il a récemment eu l’occasion de revoir et dont l’histoire l’intéresse beaucoup. Après quelques recherches, nous découvrons en fait que ce tableau symbolise l’angoisse de l’homme moderne. Il se rend aussi de temps en temps au Louvre de Lens.


Dans 10 ans, il aura 37 ans. Il se voit « vivant, marié, avec des enfants », « une vision assez basique » dit-il lui-même avant d’ajouter deux mots qui semblent représenter son avenir : travail et famille. En guise de conclusion, il choisit une formule, assez informelle, mais pleine de bienfaisance : « Bonne année 2018 ! ». Il l’a échappé belle, à quelques jours près, il aurait dû faire appel à un peu plus de créativité.


Un avocat dont le travail est la priorité (il mange dans un fast food, sans doute pour une question de rapidité), un être efficace et profitable pour une société guidée par le gain de productivité, un homme satisfait dans l’air d’un temps minuté par le métronome du bénéfice : voilà qui l’on peut trouver à l’heure du déjeuner d’un centre commercial juxtaposé aux sièges de grandes entreprises. Il croit en l’avenir, en la modernité apportée par Macron, en un futur mariage, des enfants, et surtout, en son travail.



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