Rétablissons la Tyranny.
The Voidz - TYRANNY
Julian Casablancas. Ce nom fait-il résonner quelque chose en vous ? Personnellement, il me remue rien que de l'écrire. Vous êtes prévenus, ici-bas l'on parlera avec le cœur.
Ce très cher Julian, en tant que chanteur et leader des Strokes, porte sur son dos un joli retour musical, probablement obsolète depuis une bonne dizaine d'années, mais qui aura tout de même accouché d'une légion de progénitures. Certaines réjouissantes (les très anglais Pete Doherty et Karl Barat feront presque concurrence au groupe de l'intéressé avec les Libertines, il y aura aussi le punk féminin des Yeah Yeah Yeahs ou encore et surtout le blues des frangins/époux des White Stripes) ; d'autres moins (en vrac, les Hives, débiles mais amusants, ou encore les Vines, bien moins drôles que le défunt site homonyme). En 2001, avec Is This It des Strokes, naissait le garage punk revival (en tout cas c'est ainsi qu'on le nommera, par abus de langage). Comme son nom l'indique, il remettra au goût du jour l'aspect brut et l'esprit punk (proto-punk en l'occurrence, le garage rock originel étant né dans les années 60), immédiat et subversif, des groupes comme les Stooges, les Sonics ou le MC5. Production lo-fi, riffs fiévreux, Julian chante, en ce début du troisième millénaire, les affres de sa jeunesse new-yorkaise désœuvrée, à vivre la nuit de sentiments bancals dans un monde culturel alternatif (à titre d'exemple, le titre Soma en référence à la célèbre dystopie d'Aldous Huxley, Le meilleur des mondes). À vivre de drogues et de sexe aussi un peu. C'est surtout un profond mal-être et une profonde sincérité qui feront des Strokes le symbole du rock alternatif du début des années 2000. Et musicalement, il suffit d'entendre la performance du guitariste Nick Valensi sur l'hymne Last Nite, entre deux râles endoloris de notre ami Julian, pour comprendre l'engouement à l'époque pour ce renouvellement de la scène rock. Ce riff et ce solo légendaires, taillés dans le lo-fi le plus pur qui soit, auront été récompensés dans nombre de cérémonies et de listes de médias influents, Rolling Stone en tête.
Comme vous le savez, 2001 n'est pas une année anodine. Terreau idéal pour la renaissance d'un mouvement subversif comme le garage rock, 2001 et les attentats du World Trade Center auront vu la censure (et même l'auto-censure) s'abattre sur les Strokes. D'abord sa pochette emblématique, kinky à la limite de la suggestion BDSM (je vous laisse regarder par vous-même), puis sa tracklist : sous Bush, une chanson comme New York City Cops n'aurait jamais pu survivre à l'attaque des deux tours et à la fascination ravivée des Américains pour les everyday heroes que sont les officiers de police de la Grosse Pomme. Et effectivement, elle n'y a pas survécu. Is This It a été réédité avec une pochette plus « neutre » et sans cette piste polémique. Je vous vois inquiets. Ne vous inquiétez pas, les Strokes n'en ont pas pâti outre mesure (ça leur a même sûrement fait de la pub). Pourtant, Julian Casablancas et ses acolytes ne sont pas profondément contestataires. Leurs chansons décrivent tout au plus une société délétère et une jeunesse apathique, sans pour autant appeler au soulèvement des foules ou je ne sais quelle insurrection populaire. D'ailleurs, populaires (au sens « prolétaire »), les Strokes ne le sont pas, mais alors pas du tout. Julian est le fils de John Casablancas, fondateur de l'agence de mannequinat Elite, et ses quatre compagnons sont eux aussi plus ou moins nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Ils les a en tout cas rencontrés dans de prestigieuses écoles pour la plupart. Évidemment, ils ont essuyé énormément de critiques à ce sujet (c'est certain que ce n'est pas très rock dans l'esprit). Mais personnellement, peu me chaut si leur musique me réchauffe.
Le séisme d'Is This It et de son single Last Nite mettront la barre très haut pour le groupe : en 2003, Room on Fire ravira toujours l'ensemble (ou presque) des fans car toujours dans le même style rock indé bien brut. Avec First Impressions of Earth en 2006, les Strokes entament un virage majeur et c'est une autre paire de manche : plus produit, plus new-wave, aux paroles moins suggestives décrivant un malaise social encore plus grand. C'est en fait un passage progressif à l'âge adulte illustré par une musique moins grisante. Enfin, tout ça pour dire que déjà beaucoup de fans sont restés sur le carreau. Ils étaient encore moins prêts à se dandiner sur les synthés pop d'Angles. Au final, en 2013, Comedown Machine verra presque l'opprobre jeté sur le groupe par sa médiocrité unanime. À mon avis, l'album n'est pas non plus scandaleux : il transpire malheureusement des stigmates d'un processus créatif rompu, dont Julian essayait vainement de raviver la flamme entre des membres fatigués et déchirés. Avec des guitares de plus en plus timides, des synthés et une production de plus en plus présents, Julian couinant là où il hurlait dix ans plus tôt, Comedown Machine était musicalement un peu chiant et les réels fans qui subsistaient étaient simplement tristes.
Julian a fait son petit bonhomme de chemin après la séparation annoncée du groupe. Durant un hiatus, il avait déjà sorti un album solo en 2009 intitulé Phrazes for the Young. À la suite du fiasco de Comedown Machine, il se décide à créer un nouveau groupe, dont il sera la seule attraction, c'est dit. Tantôt appelé Julian Casablancas + the Voidz, tantôt juste The Voidz, ils ont sorti un LP nommé Tyranny en 2014. Mais en 2016, les Strokes reviennent avec un EP qui annonçait en théorie un album à venir. Intitulé Future Present Past, il réunissait en trois titres, comme son nom l'indique, les différentes « périodes » du groupe (ainsi qu'un remix du single Oblivius par le batteur Fabrizio Moretti, remix parfaitement superflu). Malheureusement, et c'était prévisible, il n'y a plus eu tellement de nouvelles de la part du groupe depuis.
Nous voici aujourd'hui en 2018. Les Voidz reviennent avec deux singles, Leave It In My Dreams et QYURRYUS, respectivement révélés les 23 et 24 janvier. Ils sont clinquants, glitchy, perturbés et perturbants comme on les attendait ; peut-être plus pop que leur premier opus Tyranny aussi, mais ce ne sont que des singles après tout. Soyons clairs, si j'écris aujourd'hui, c'est dans un but précis. Ils ont annoncé que leur nouvel album serait dans les bacs le 30 mars et qu'il serait intitulé Virtue. Avant la sortie du nouveau The Voidz, je voudrais rétablir une des plus grandes injustices de la décennie en cours. Celle-ci concerne Tyranny (ça y est, le teasing est terminé, nous voilà dans le vif du sujet). L'accueil critique concernant le retour de Julian a été mitigé, certains vantant l'effort expérimental du sieur Casablancas, d'autres s'étant noyés dans cet océan sonique déchaîné qu'est Tyranny. Il semble même aujourd'hui que tout le monde l'ait oublié. L'album a été automatiquement catégorisé par l’intelligentsia médiatique dans la case de ces soubresauts pathétiques de célébrités en mal de notoriété, artistiquement mortes, dont le groupe phare disparu aurait emporté dans sa chute, désormais anecdotique, la pertinence et le talent. Certes, j'exagère mais je suis convaincu que c'est cet a priori, cette catégorisation anticipée, qui a décidé de la faible exposition médiatique et la promotion plus que fadasse d'un tel album. Et moi je dis que c'est inadmissible, surtout à l'aube d'une nouvelle sortie du groupe. Car, en effet, Tyranny est un chef d’œuvre à la hauteur d'Is This It et un album majeur de la décennie en cours, je n'ai pas peur de le dire.
L'album s'ouvre sur Take Me In Your Army. Ce n'est pas anodin que cette relativement douce mise en bouche, aux synthés new wave avec un Julian juste un peu discordant, ne s'appelle pas « Take Me In Your Arms » : Tyranny racontera la guerre, l'absence d'amour. Un peu discordant je disais ? Une radio, de la friture, un signal sonore anxiogène (c'est drôle, c'est comme si on nous demandait de mettre notre ceinture de sécurité). Crunch Punch démarre et lance un riff terrible, à la fois entraînant et repoussant, pour mieux lancer un refrain (ou peut-être un couplet, bonne question) où Julian se met à geindre comme un androïde à court de batterie. Et là, on comprend. Le glitch dans la matrice est sérieux, cet album est une anomalie. « The creepiest guy in the sky ». Et nous n'en sommes qu'au deuxième morceau. L'album est fait de flux et de reflux mais jamais semblables, ce serait beaucoup trop simple à supporter avec l'accoutumance. Des moments de « calme », d'un profond malaise ou simplement d'une tristesse pure. Puis des moments d'hystérie, de violence, de folie. Cet univers est servi par une instrumentation riche et des structures de chansons complètement imprévisibles, hyperactives. Qu'on ne s'y trompe pas, en vous familiarisant avec Tyranny, vous vous retrouverez à chantonner quelques airs aux paroles lugubres - « You are everything I see, every time I blink despair », par exemple, et joyeux Noël - comme dans n'importe quel bon album pop rock. Mais l'agencement des refrains, couplets et ponts paraît inexistant. On est ballotté entre des couches successives de désespoir et autres déferlements de haine, sans savoir s'en sortir réellement.
Dans ce bloc compact, ce rideau de fer en fusion, chaque morceau a sa place et ne saurait être délogé de celle-ci. Sans oublier une certaine sensibilité propre au rock alternatif, on va des synthés new wave à la Bauhaus, genre film d'horreur expressioniste allemand comme sur Xerox, Take Me In Your Army ou l'outro Off to War, jusqu'aux guitares saturées et épileptiques proches du thrash metal (et parfois même du breakcore) comme sur M.utually A.ssured D.estruction, Business Dog et le single Where No Eagles Fly. En passant par des chefs d’œuvres d'expérimentations comme seul Tyranny a connu. Comme son avant-dernier titre, Nintendo Blood. C'est un titre plus narratif que l'ensemble, aux trois thèmes bien distincts jouant avec nos émotions comme un marionnettiste. Je vais éviter de m'étaler sur l'explosion finale, les mots de ce cher Julian parlent d'eux-mêmes :
« When man has conquered the earth he will have destroyed himself His appetite will devour the earth and leave behind only a desert The end of living & the beginning of surviving, Our land, our brother we treat like an enemy But “when man has conquered the earth he will have destroyed himself The end of living & the beginning of surviving… Our land is a brother we treat like an enemy – oh oh Cause nothing exists except molecules and empty space – oh oh The moon is cracked I think it looked at me and grinned The room is packed I look around and now it spins Cyborg, I need to sit down, I need to shut up Universe everything’s wrong, I think I fucked up » [if !supportLineBreakNewLine] [endif]
Et de nous laisser là, pantois, à récupérer difficilement grâce à la lente descente d'Off to War et grâce au silence assourdissant qui suit l'écoute d'un tel monstre d'album.
Et puis, au milieu de Tyranny, il y a ce monument de Human Sadness. Onze minutes de joie de vivre. Si vous avez peur de vous jeter dans Tyranny, donnez-vous onze minutes pour écouter Human Sadness et vous verrez de quoi il en retourne. Julian y prend son temps, installe un synthé hésitant, tanguant au-dessus d'une guitare encore contenue. L'icône apparaît avec sa voix bionique de chat écorché et commence à nous parler mais, émotif et primitif comme à son habitude, il se parle plutôt à lui-même. Il se permet même d'annoncer les thèmes des derniers titres de l'album si l'on prête bien attention aux paroles. Puis il se met à perdre toute retenue. D'abord le leitmotiv du morceau apparaît : « Beyond all ideas of right and wrong, there is a field. I will be meeting you there. », qui est une citation approximative de Rumi, philosophe perse du XIIIème siècle. À peine intelligible derrière un auto-tune poussé jusqu'à des limites jusqu'alors inconnues, cette phrase sera réduite à une sorte d'ondoiement du son. Une impression que l'on retrouvera sur les « couplets »,comme une forme nouvelle de scat (jazz vocal à base d'onomatopées, popularisé par Ella Fitzgerald). C'est comme si la voix de Julian était la lumière d'une ampoule halogène qu'on s'amuserait à intensifier, à atténuer, constamment, inlassablement. Comme si l'écouter se lamenter et s'égosiller n'était pas assez éprouvant, le guitariste des Voidz, Jeramy « Beardo » Gritter, se met à prendre feu, à faire entrer en éruption le volcan instable qui se cachait derrière les synthés. Puis une nouvelle accalmie. Le leitmotiv reprend. Et l'on assiste à l'un des drops les plus terrassants que j'ai pu entendre, un des plus assourdissants, un des plus désespérés. Bref, Human Sadness est un roulis constant, une expérience profondément sensorielle dont je ne suis pas encore sorti indemne.
Tyranny est expérimental, en témoigne sa catégorisation Wikipédia : « Experimental rock / noise rock / neo-psychedelia / electronica ». Effectivement, Tyranny pourrait être succinctement décrit comme une rencontre entre le noise rock et l'electronica à la sauce Casablancas ; les appositions de rock expérimental et néo-psychedelia sont surtout révélatrices du fait que l'album est tout simplement inclassable, tant ces deux termes ne veulent, au fond, rien dire. C'est avant tout un album organique, que l'on ressent physiquement, tant par sa gigantesque instrumentation (je me répète mais l'auto-tune a rarement été aussi bien exploité, n'en déplaise au grand Kanye) que par l'âme boursouflée de Julian Casablancas, que l'on pourrait presque toucher. On y ressent une réelle douleur, mais avec délectation. Point d'orgue d'une carrière d'écorché, Julian aura poussé la catharsis de son art jusqu'au sadomasochisme. Écho aigre-doux au modèle du projet The Strokes, le Velvet Underground : le groupe de Lou Reed et John Cale s'était appelé ainsi en référence au livre éponyme de Michael Leigh, qui soutenait, en 1963, qu'une révolution sexuelle avait eu lieu aux États-Unis, une libéralisation des mœurs salvatrice occasionnée grâce à la disponibilité grandissante de la contraception. La boucle de la thématique sexuelle (et donc BDSM) de la carrière de Julian me semble bouclée avec Tyranny, alors qu'il faisait déjà mention de cet ouvrage emblématique dans le morceau The End Has No End, sur Room on Fire (un morceau que je citerais avec dédain comme étant mon préféré de tous les temps si jamais vous aviez le malheur de me poser la question – parce que ça n'a tout de même aucun sens comme question). En définitive, la substantifique moelle de l'album se trouve sûrement dans l'absence totale de barrière musicale que Julian aurait pu se donner. Father Electricity est sûrement le titre qui le résume le mieux : les hurlements et couinements habituels de notre chanteur ainsi que les textures et percussions abrasives de l'album sont ici ponctués de rythmes tropicaux. Une audace qui rappellera aux inconditionnels de Patti Smith un certain morceau appelé Redondo Beach, mais en plus violent et désespéré, et qui scellera la qualité expérimentale aboutie de cet objet musical qu'est Tyranny.
Un concept-album ? - Légère parenthèse : à mon sens, tout album se doit d'être suffisamment cohésif pour qu'on puisse le qualifier ainsi, pas besoin d'avoir un arc narratif et lyrique aussi limpide que The Wall de Pink Floyd (au hasard) pour mériter l'appellation de « concept-album ». - Donc, bien que ce terme me fasse hérisser les cheveux sur la nuque à chaque fois que je le croise, je me permets de l'utiliser pour plusieurs raisons. La première, mineure mais surtout pas anecdotique, c'est celle du « non-musical » qui est présent dans l'album. Au détour des douze titres qui composent l'album, on entendra des retransmissions radio, des jingles, des musiques de cirque (il semblerait), tout un build-up contribuant à installer un univers, ici vicié ou, plus précisément, « awkward » (dont la traduction approximative serait « gênant »). Ces éléments ajoutent ou, en tout cas, renforcent un côté grand-guignolesque à l'album, parti-pris très intéressant au regard des émotions totales présentées dans Tyranny. Cet élément colle d'ailleurs parfaitement à la seconde raison. Celle-ci concerne la description de l'album que fait Julian Casablancas lui-même. Je vais reprendre un extrait d'une interview qu'il avait donnée à GQ à l'époque, extrait qui a été repris partout par ailleurs, pour illustrer mon propos :
« The record’s called Tyranny, and that’s sort of what it’s about, Casablancas says: rapacious oil companies and a not-so-free press and environmental depredation. Money. Health care. Nightmares. The moon. "It’s not very sexy to talk about these things, especially in a place like America, where things are, like, the best. But it just feels like we’re inside that Versailles bubble, you know?" »
Tyranny serait donc un album avant tout politique. Pas étonnant au regard des titres de morceaux, les références au monde des grandes entreprises sont claires : Xerox, Nintendo Blood, Business Dog. Pourtant, la « musique politique » m'ennuie les trois quarts du temps tant elle enchaîne les banalités, c'est pourquoi je me dois de teinter mon analyse de mon regard sur l'analyste en personne, mon très chéri Julian Casablancas. Son rapport au monde des affaires n'est pas simplement celui d'une victime lointaine, rappelez-vous sa filiation que quelques démagogues aimaient à lui reprocher. Sa relation compliquée avec son père richissime, décédé en 2013, le confrontait directement avec ce monde et je doute qu'il ait toujours trouvé son bonheur dans cette aise financière. « If I was like him, all dissin' his pa' » : ces paroles du titre éponyme d'Is This It, sorti en 2001 donc, sont aujourd'hui bel et bien derrière lui, comme il l'a confessé en interview (ce sont les paroles officielles mais le sens de cette ligne est très controversé). Cependant, leur relation (et, par là même, la relation avec le public liée à ce lien de parenté) l'a toujours obsédé, à mon humble avis, et cela particularise à mes yeux l'album au niveau émotionnel au-delà de sa dimension politique : il a côtoyé les ultra-riches sans jamais s'y assimiler. Tyranny n'est pas non plus un album végétarien militant, un Meat Is Murder du XXIème siècle, comme pourrait le laisser entendre cette ligne gueulée sur Where No Eagles Fly : « Predators eat meat! ». Plein d'éléments prouvent que Julian n'est pas végétarien. Je pense qu'on a ici une parfaite mise en abyme de ce que dépeint Tyranny. C'est l'histoire d'un homme se tuant à maudire la société et ses vices, sans pouvoir s'empêcher d'être lui-même le symbole de tous ces vices, un pur produit cynique de cette société. Car, au fond, il est impossible de s'en extirper. Julian est conscient de lui-même, assurément. Mais on comprend bien qu'il est faible. Il est faible jusqu'en interview, perdu, hagard. Je pense que c'est un homme profondément triste, qui a renoncé à beaucoup de choses. Mais pas encore à la musique. Et quelle chance nous avons là.
Tyranny s'ouvrait sur Take Me In Your Army. Le premier son du disque était un claquement métallique. Déjà, ce disque se refermait sur nous davantage qu'il ne s'ouvrait à nous. Comme la fermeture d'un sas qui nous aurait gardés prisonniers une heure, dans cette position inconfortable de voyeur contraint, coincé ici à devoir sonder l'esprit de la bête que l'alchimiste Casablancas avait engendrée. D'abord contraint, le voyeur se prendra au jeu et découvrira avec effroi et fascination que cette bête, cette société qui se confond avec Casablancas lui-même, c'est aussi son monstre à lui, son monde à lui. À chacun d'entre nous. Alors oui, j'aimerais bien qu'on parle un peu plus de ce nouvel album de The Voidz : Virtue sort le 30 mars.