11h au Marché du Vieux-Lille
source : lille.fr
Mercredi, 11h, il pleut place du Concert, seuls quelques vieillards et mères de famille s’aventurent entre les étals du Marché du Vieux-Lille. Moins agité que le dimanche, ce petit marché à ciel ouvert est le plus haut de gamme de la ville, il propose un large choix de produits régionaux trois fois par semaine et se distingue comme l’un des cent plus beaux marchés de France.
Parmi les courageux, c’est Lucas qui retient notre attention. Un style vestimentaire soigné, la trentaine, un bouquet de jonquilles à la main et son V’Lille dans l’autre, nous l’abordons devant le fromager, il accepte volontiers qu’on lui fasse le portrait. Lucas est né à Lille et n’a jamais quitté la métropole, cela fait quatre ans qu’il réside dans le quartier du Vieux-Lille. Professeur de philosophie en lycée, il nous explique que son travail tient une place de plus en plus petite dans sa vie : “Je m’aperçois qu’il y a des choses beaucoup plus importantes”. Et c’est ce qu’il essaie de transmettre à ses élèves de Terminale, qui ont du mal à le comprendre, étant obsédés par l’idée de s’émanciper et de s’épanouir par le travail. Lucas n’y croit pas. En revanche, lorsque nous lui demandons ce en quoi il croit, il nous répond d’abord qu’il est catholique et qu’il croit donc en Dieu, mais ajoute qu’il croit avant tout en la vérité.
Concernant l’actualité de ces dernières semaines, Lucas nous indique que son attention se porte particulièrement sur le mouvement des gardiens de prisons, selon lui ces gens méritent d’être soutenus, il souligne l’importance du droit à la revendication avant d’ajouter que “les prisons doivent redevenir des prisons”. Tout comme l’actualité, la culture intéresse notre professeur de philo, il choisit de nous donner un exemple littéraire : le livre Piéton de Lille qu’il a lu récemment, de l’auteur Lillois Michel Marcq, décédé l’été dernier avant de terminer le livre, et du photographe Sam Bellet. A travers un des plus beaux textes écrits sur Lille d’après le journal La Voix du Nord, les deux auteurs ont immortalisé l’architecture et les lieux de vie qu’ils aimaient arpenter.
À la question “Comment vous voyez-vous dans dix ans ?” Lucas nous répond qu’il se voit père d’une famille nombreuse et toujours dans la région, y étant très attaché. À ce propos il trouve d’ailleurs dommage que les gens “d’ici” ne soient pas toujours sensibles à la beauté du patrimoine de la région : “À Lille c’est assez évident, mais autour de la ville, dans la région, le patrimoine est sublime, les gens passent devant et ne s’étonnent plus des merveilles qu’ils ont autour d’eux”. Lucas nous parle notamment de l’architecture flamande, qu’il considère unique en France et, dans un sens, bafouée par la nouvelle appellation régionale “Hauts-de-France” balayant selon lui toute l’histoire locale de la Flandre. C’est l’architecture qui lui a permis d’approfondir cet aspect de la région, et qui se trouve donc être l’une des raisons pour lesquelles il désire y rester.
Enfin, le message que Lucas décide de faire passer concerne les habitants de Lille et ses alentours : “Les Lillois et les gens de la région doivent être vraiment fiers de celle-ci et redécouvrir l’histoire locale”, alors sans plus tarder ouvrons grand les yeux...et les manuels d’histoire !
C’est ainsi qu’entre les étals du marché du Vieux-Lille, nous avons découvert Lucas, un professeur et futur père de famille à la recherche de la Vérité, mais aussi un Lillois en quête de reconnaissance concernant la beauté architecturale et historique de sa région natale.