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10h45 aux Halles de Wazemmes


Dimanche, 10h45, le soleil est étonnamment au rendez-vous à Lille. Sur le marché, c’est à celui qui criera le plus fort pour attirer la clientèle. Les poulets des rôtisseurs dégagent une odeur fugace mais aromatique qui contribue à l’ambiance chaleureuse de l’un des plus grands marchés de France. Juxtaposées au marché, les Halles de Wazemmes abritent un décor lumineux et calme. À l’intérieur de cette imposante armature métallique, un effort de présentation est apporté aux étals afin de mettre en valeur la multitude de produits frais, régionaux, orientaux ou encore asiatiques. C’est depuis leur construction, à la fin du XIXème siècle, que ces halles constituent l’identité du quartier populaire lillois, au cœur de la place de la Nouvelle Aventure.

Sur place, nous repérons un jeune homme qui semble prendre son temps, profitant de son dimanche en toute sérénité. Il observe l’étalage des fruits et légumes. Grand, blond, la trentaine, nous faisons la connaissance de Romain. Depuis un an, il vit à trois rues des Halles. Auparavant, il habitait dans le Vieux Lille. Habitué du marché, il s’y rend quasiment tous les dimanches « parfois pour un petit bouquet de fleurs », nous confie-t-il, le sourire aux lèvres. Cet animateur de centre de loisirs dans la commune de Wasquehal rêve d’un monde plus solidaire. Je crois « que le monde peut être meilleur si chacun donne un peu plus. » Lorsque nous lui demandons si une actualité l’a particulièrement marqué ces derniers temps, il évoque spontanément l’affaire « de la joggeuse », Alexia Daval. Romain déplore l’engouement médiatique autour de l’affaire et la malsanité infligée à l’entourage de la victime. Le sentiment de « s’être fait berner » par son mari pendant 3 mois lui semble impensable.

Il ne s’estime pas particulièrement intéressé par la culture, mais, selon lui, « Netflix ça marche bien ». Romain nous fait comprendre que le sport le préoccupe davantage mais ajoute « je ne dis pas qu’on ne peut pas être sport et culture à la fois ». Grand amateur de football, il en pratique depuis une quinzaine d’années dans son petit club de Wasquehal. À la question « où vous voyez vous dans dix ans ? », il répond modestement qu’il se voit « dans une maison, en campagne, avec mon petit potager, mes poules, ma femme et mes enfants ». Romain nous fait ensuite part de son goût pour le voyage à travers une anecdote, qu’il tient à partager : « Après avoir passé une petite année en Australie et à Bali, j’ai eu la malchance de me casser le bras en faisant un bras de fer, ne faites jamais de bras de fer ! (rires) j’ai eu à faire le choix de me faire opérer sur place ou pas. » Selon lui, « heureusement que l’État australien injecte de l’argent dans les cliniques privées, j’ai pu être très bien soigné. »

Lorsqu’on lui demande s’il a un message à faire passer, une hésitation se fait ressentir. Après réflexion, il nous fait part de sa devise fétiche « on a qu’une vie ». Il ajoute avec optimisme l’importance de profiter de la vie et de ne pas s’arrêter « à des petites choses toutes bêtes du quotidien. » Il a une pensée touchante envers les « gens malades et ceux en difficulté dans les pays africains ».

C’est sur cette remarque, emplie de sincérité que notre échange s’achève. Nous emportons avec nous le témoignage de Romain, un homme humble, friand des petites choses de la vie, rêveur d’un monde plus solidaire. À travers ses mots, il nous invite à réfléchir sur ce qui est vraiment indispensable pour être heureux, mis à part le fait de se rendre au marché.





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