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Les rattrapages des bacs 2017 (2/3)

Et on se retrouve pour la suite du top 2017 (comme le dit si bien notre chroniqueur musique : il n'est jamais trop tard pour écouter du bon son) ! Au programme, dix autres albums qui détonnent. Pour découvrir la première partie du top, c'est par ici.

20. Garth Knox & The Saltarello Trio – Leonard: The Book of Angels, Volume 30


The Book of Angels est un projet du saxophoniste mais aussi producteur, multi-instrumentiste et ici compositeur new-yorkais John Zorn, dont la discographie personnelle dépasse aisément les 250 albums en 40 ans. Zorn navigue entre le jazz, le metal, la musique classique, le punk, toujours tourné vers l'avant-garde et l'expérimental. The Book of Angels regroupe un ensemble de compositions du bonhomme sorties sous le label Tzadik et interprétées par des artistes avant-gardistes du monde entier. Ce volume 30 est interprété par Garth Knox, altiste écossais, deux autres cordes et un percussionniste. C'est une composition contemporaine jazzy assez singulière, comme venue tout droit des Balkans. Des à-coups timides, maladroits et flagrants (évidemment méticuleusement agencés en réalité) ; des cordes extrêmement expressives, cinématographiques, entre burlesque et tragique ; des compositions épurées en mouvement constant qui semblent illustrer quelque chose d'autre, hors de ce monde.

19. Oxbow – Thin Black Duke


Après près de trente ans de carrière, les franciscanais d'Oxbow (vous ne saviez pas que les habitants de San Francisco s'appelaient ainsi, n'est-ce pas?) reviennent avec un album universellement acclamé. Personne n'a encore réussi à décrire leur style et ce n'est pas avec Thin Black Duke que ça va commencer. Je ne veux pas vous faire peur en vous décrivant cela comme un mélange de noise rock et de jazz d'avant-garde comme certains s'y sont aventurés : c'est surtout une superbe pièce de chamber pop qui n'a peur de rien. La chamber pop, c'est une sorte d'indie rock tournée vers la recherche mélodique et une orchestration riche. Ici doublée de guitares plus que rugueuses, cette orchestration, entre violons emphatiques et cuivres enveloppants, porte à bout de bras l'interprétation lugubre et maussade du chanteur Eugene Robinson. Un album qu'on tient au chaud, comme pour le réconforter.

18. Fleet Foxes – Crack-Up

Oyez, oyez ! Vous êtes tous concernés par ce qui va suivre ! Vous adorez tous Mykonos des Fleets Foxes, même si vous ne le savez pas. Je vous l'affirme, vous avez entendu cette chanson des dizaines de fois et vous avez été conquis par les mélodies enchanteresses de l'indie folk/pop du groupe de Seattle. Malheureusement, vous n'avez peut-être jamais su son titre et l'avez oublié, quelle tristesse. Mais sachez que les Fleet Foxes sont revenus cette année avec leur troisième opus, après trois ans de hiatus. Mais Crack-Up est bien loin d'être aussi commercial (ce qui n'est pas péjoratif en soi). Robin Pecknold s'est plongé là dans des profondeurs mélodiques rarement atteintes. Cette indie pop déstructurée en rebutera certains mais elle témoigne d'un effort de purifier leur folk tout en parcourant des paysages jusqu'ici inconnus. C'est méditatif et emporté à la fois mais c'est également beaucoup plus que ça et je commets encore aujourd'hui l’erreur de ne pas l'écouter suffisamment.

17. Loyle Carner – Yesterday's Gone

C'est certain, Loyle Carner est le personnage le plus attachant que j'ai découvert cette année. Rien que son nom de scène est une contrepèterie de son nom de famille véritable, si c'est pas trop mignon. Atteint de trouble de l'attention et d'hyperactivité, la musique l'a aidé à se contenir et aujourd'hui il organise des cours de cuisine pour les personnes ayant les mêmes troubles que lui, si c'est pas trop mignon. Son premier album Yesterday's Gone réunit des morceaux tous plus intimes les uns que les autres, d'un rap jazzy tout doux. Son titre phare, The Isle of Arran, inclut aussi des samples de gospel et globalement, tout l'album respire la musique noire sous tous ses angles, le bien-être et l'évidence. Rien que l'entendre dire « pancakes » de son accent british me donne le sourire pour une bonne heure, quoi de plus ? Et dire que lorsque je l'ai vu au Grand Mix à Tourcoing, il était abasourdi par la ferveur du public dans cette petite salle.


16. Cherry Glazerr – Apocalipstick

Clementine Creevy a 19 ans, elle est punk et ne se laissera pas marcher sur les pieds parce que #MenAreTrash. Intéressé par la culture riot grrrl (vous l'êtes, ne cherchez pas), la pop garage de Cherry Glazerr est faite pour vous. Je vais me taire et m'écraser devant la puissance des riffs de cet album. Je suis catégorique : I Told You I'd Be with the Guys est proche d'être le meilleur morceau de l'année.

15. Colin Stetson – All This I Do For Glory

Nous avons tous rêvé de faire du saxophone parce que c'est trop classe. Colin Stetson nous méprise. Son saxo, il ne l'a pas apprivoisé jusqu'à faire corps avec lui simplement pour assouvir ses bas instincts de séduction. Plus badass que The Rock, sa respiration circulaire lui permet d'atteindre des sonorités et des textures jamais produites par son instrument. Se baladant dans l'avant-garde comme un poisson dans la mare, il revient en 2017 seul face à son instrument, sans aucun featuring mais avec des centaines de micros dans le saxo, comme à son habitude. Chaque pression qu'il fait sur les touches est comme un coup de marteau dans notre nuque et le ronflement du cuivre n'a rien de réconfortant. All This I Do For Glory, c'est tout un monde cuivré et osseux (que la pochette illustre de manière parfaite), un disque très froid mais très puissant à la fois, sous le poids duquel on se laisse crouler.



14. King Gizzard & the Lizard Wizard – Flying Microtonal Banana

La bande à Stu McKenzie mérite grandement sa place dans ce top : nous avons déjà parlé en long, en large et en travers de cet incroyable défi de sortir 5 albums en une année. C'est chose faite, mais de peu, car Gumboot Soup, le petit dernier de la saga, est sorti le 31 décembre. Composé des chutes des 4 albums précédents, il recèle quelques titres remarquables (les singles Beginner's Luck et The Last Oasis en tête) dans la discographie garage psych -et plus si affinités- de King Gizzard, qui commence à être bien fournie en seulement 6 ans. Évidemment, il fallait trancher pour déterminer quel album était le meilleur mais le choix n'a pas été si dur pour moi : Flying Microtonal Banana remporte la palme haut la main. Comme un mirage sec et effréné dans le désert, le terrain des micro-intervalles aura permis au Gizz de sortir l'opus le plus fou et cohérent de leur année de folie. Et vu que je vois que vous en mourrez d'envie, c'est cadeau : Flying Microtonal Banana > Murder of the Universe > Gumboot Soup > Sketches of Brunswick East = Polygondwanaland.

13. The Magnetic Fields – 50 Song Memoir

La réponse est dans le titre : ce sont bien les mémoires d'un homme en 50 chansons. 50 chansons pour chaque année de la vie de Stephen Merritt, frontman des Magnetic Fields. Et le bougre n'en est pas à son coup d'essai. En 1999 sortait 69 Love Songs. Nul besoin d'ajouter quelque chose. Ainsi donc, les Magnetic Fields, ce ne serait donc que du concept pourri ? Et bien, surprise, que nenni. Après 5 années de silence, le groupe emblématique de la synthpop compte revenir avec un album de 50 morceaux. Ce qui, au passage, ne fait que 2h30. Ça va encore. Mais en plus de cela, ça tient bien mieux la route que, au hasard, les 30 minutes du dernier EP d'Animal Collective. On navigue entre les ambiances aux synthés carabinés et toujours avec un songwriting hilarant et émouvant : A Cat Called Dionysus, Life Ain't All Bad, Me and Fred and Dave and Ted, Have You Seen It in the Snow ? et je pourrais vous en conseiller vingt de plus rien qu'en regardant la tracklist. Chaque morceau est unique et c'est un disque dans lequel on se perd pour revenir plus tard, rire et pleurer de la légèreté de l'existence.

12. Vîrus – Les Soliloques du Pauvre

L'album de rap français de l'année le voici. Le rouennais Vîrus revient après deux fabuleux EP, Faire-Part et Huis-Clos, aux ambiances lugubres et aux textes ciselées dans la crasse de ce monde. Juste en passant, je vous conseille de jeter une oreille attentive au morceau Des Fins..., vous n'en sortirez pas indemne. Il revient donc, avec un projet extrêmement ambitieux : réadapter le texte d'un poète libertaire du Paris d'avant-guerre, Les Soliloques du Pauvre de Jehan Rictus. Donnant la voix au chapitre à l'indigent en parler parisien de l'époque, Jehan Rictus répudie les bonnes gens tout en ayant du recul sur sa propre démagogie. Vîrus a tout simplement réussi la prouesse d'adapter ce texte au rap et à son flow particulier, en gardant jusqu'à l'accent parisien. Lorsque le rocailleux acteur Jean-Claude Dreyfus (à l'affiche la même année au théâtre avec Bigard, comme quoi, tout est possible) apparaît sur certaines pistes pour un spoken word saisissant, on se dit qu'on a affaire à un concept album dans ce que ce terme peut avoir de plus abouti ; chaque parcelle de son respire le désespoir, le froid de la chaussée et le froid des regards.

11. Kayoko Yoshizawa – 屋根裏獣

Cela ne sera pas long : la meilleure pop de l'année est J-pop. La jeune nippone Kayoko Yoshizawa m'a touché en plein cœur avec Yaneura Ju (oui, c'est ainsi qu'on le prononce). Son savoir-faire est relativement indéfinissable. Pour des oreilles occidentales, elle semble assez classique, somme toute, on remarque surtout qu'elle incorpore dans son style purement pop, du jazz, de la folk, de la valse etc. Mais la bougresse navigue entre les genres telle une anguille sans jamais faire le moindre faux pas. Chaque mélodie est un délice de plus à chanter, danser ou simplement à écouter, un sourire béat aux lèvres.


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