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Black Panther : quand la culture tribale s’invite à Hollywood.



Black Panther, un film qui dépeint une culture méconnue en inversant les rôles et les clichés : un hymne à l’Afrique.


Ryan Coogler a décidé de réaliser le seul Marvel africain existant. Si les productions de ces studios sont toujours un succès, il n’était pas évident que Black Panther trouve sa place dans l’univers du blockbuster. Publiées comme B.D entre 1966 et 1975, elles sont les premières à évoquer l’univers d’un pays africain - le Wakanda, certes imaginaire mais véritable hommage au continent, dans une période de ségrégation aux Etats-Unis. Bien accueilli par la culture noire, il avait suscité des réticences au sein de la société. C’est ce destin qui attendait le film et pourtant… tout le contraire s’est produit.


Dès les premières images, nous sommes plongés au cœur de la tradition Africaine, entre contes et paysages naturels. Le héros T’Chilla représente alors tout ce que l’univers d’Hollywood n’a jamais voulu attribuer aux noirs : il est fort, aimant, et surtout, il est placé comme individu ne devant rien à personne. Il est le héros, le centre de l’attention du spectateur pendant 2h14.


Black Panther, c’est aussi un casting à ne changer pour rien au monde. La crème des acteurs afro-américains est au rendez-vous : de Chadwick Boseman à l’oscarisée Lupita Nyong’o. Bien plus que les acteurs, ce sont les costumes de Ruth E. Carter qui sont un véritable hommage à la culture tribale du continent, notamment celle du Nigeria dont le Wakanda est censé être frontalier. Chacun des habits est pensé, travaillé et taillé pour y rendre hommage. Des pagnes aux maquillages en terre cuite, tout est fait pour que les fins connaisseurs y voient une réalité et que les amateurs aient envie de s’y intéresser !

Un Marvel restant un Marvel, scènes de batailles, grands moyens et belle réalisation sont au rendez-vous !



« Les guerriers seront des guerrières »



La garde rapprochée du roi n’est pas composée de grands gaillards musclés, elle est 100% féminine. Un message féministe ? Peut-être, mais c’est surtout le reflet des tribus matriarcales évoluant dans cette région de l’Afrique. Rien de politique donc mais c’est un grand coup de pied dans les images préconçues des combattants dans l’univers du comics. C’est aussi les blancs versus les noirs. Effectivement, l’opposition est souvent mise en avant, les blancs sont des « colons » et les noirs le peuple opprimé. Finalement, ça en devient presque gênant, et c’est ça qui rend le film si intéressant. Il emmène à interroger les clichés en inversant le processus traditionnel. Il emmène à se rendre compte à quel point il est dérangeant d’opposer sans cesse. Black Panther joue de tous les préjugés qui sont portés sur l’Afrique : pauvre, archaïque, en guerre et en besoin sans cesse d’aide. Le Wakanda est riche, pacifié avec des peuples vivant en harmonie et totalement cachés au reste du monde. Tout le monde sait que ce pays existe, mais personne ne sait vraiment quelle est son identité : n’est-ce pas là un message à la communauté internationale ? Le film va aussi au-delà en montrant les oppositions au sein de la société africaine post-coloniale. T’Chilla, roi unificateur et bon, s’oppose à Killmonger, dictateur qui va faire resurgir les tensions entre tribus. Du putsch à la guerre civile, une des raisons de l’instabilité politique de l’Afrique contemporaine. C’est aussi la tension entre les courants de résistance noire évoluant aux États-Unis dans les années 1970, divisés entre les pacifistes et les révolutionnaires comme Malcom X.


Comme tout blockbuster qui se respecte, il concentre beaucoup de péripéties, des personnes qui ressuscitent et des histoires d’amour simplistes. Mais finalement, on passe presque à côté, pris par l’univers et la présence des acteurs. Encore une fois, il ne faut jamais oublier qu’un Marvel est un film américain, et que l’Amérique s’aime. On ne pouvait donc passer à côté de l’agent spécial venant sauver le Wakanda. Pourtant, c’est pour une fois avec plus d’humilité et moins de lourdeur qu'il le fait.


Finalement, ce film est un réel coup de maître pour le cinéma et la représentativité des noirs, un an après Moonlight. Il est le premier film où les Africains sont positionnés comme civilisation supérieure et avancée. Une voie semble s’être ouverte vers une représentation équitable des afro-américains dans le cinéma. Il semblerait qu’il n’y aura bientôt plus besoin de faire du cinéma pour et par les noirs pour parler d’Afrique. Black Panther, c’est un film qui fait du bien, un film qui apaise, un film qui ouvre la voie à une nouvelle vision : un film qui on l’espère, participera à la mixité dans le cinéma, qui se doit d’être tant masculin que féminin, tant blanc que noir. Qui se doit d’être le reflet de la société dans laquelle il s’inscrit. C’est un film politique qui s’adresse et remet en question l’Amérique de Trump. D’ailleurs, monsieur le Président, T’Chilla vous salue chaleureusement, il semblerait que c’est à vous que s’adresse son dernier sourire, avant que le générique ne défile et que les salles se rallument.







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